La traversée Petit Paradis-Grand Paradis

Vue sur le début de l'arête

Le Grand Paradis culmine à 4061m au dessus du Val d’Aoste et c’est le plus haut sommet Italien qui n’est pas frontière avec la Suisse ou la France. Sa voie normale au départ du refuge Victor Emmanuel ou du refuge Chabod est très fréquentée, à juste titre. C’est un bel itinéraire, loin des remontées mécaniques, assez long mais peu technique avec un vrai beau sommet, parfait pour gravir un premier 4000!

Nous sommes fin juillet 2020, nous cherchons avec mon client Eric une idée de belle course d’arête mixte qui puisse coller avec la météo assez orageuse et les conditions en montagne qui commencent à s’assécher un peu.

Je lui propose donc cette arête que j’aimerais aller découvrir et après avoir regardé quelques photos il semble emballé, c’est parti!

Nous rejoignons le lendemain le super refuge Chabod par le chemin empierré à travers les mélèzes et les alpages. Du refuge nous pouvons admirer toute la traversée du col de Montandayné au Grand Paradis en passant par le Petit Paradis et ses gendarmes effilés.

Nous décollons du refuge dans la nuit noire à 3h en direction du glacier. Le regel est correct malgré les orages de la veille au soir et la neige commence à bien durcir quand nous arrivons à la rimaye avec le lever du jour. La pente pour sortir au col est assez raide mais vite remontée avec la pose de quelques broches, la glace n’étant pas très loin sous quelques centimètres de neige.

Superbe lever de soleil au col et aussi un bon petit vent d’Est qui nous rafraichit! Nous partons sur l’arête, l’ambiance est super avec les 3cm de neige fraiche tombés la veille. Par contre cela complique un tout petit peu la course, les difficultés étant plutôt rocheuses, nous obligeant à garder les crampons aux pieds tout du long. C’est une succession de gendarmes à contourner ou à gravir par de petits pas d’escalade jamais bien durs mais assez impressionnants avec la face nord à droite qui donne un bon côté aérien. La course est très intéressante aussi au niveau des manip’ de corde car il y a un grand nombre de désescalades ou rappels et l’on est sans arrêt en train d’ajuster la longueur d’encordement pour être efficace. L’escalade se protège toujours bien avec les nombreux becquets et le bon rocher de l’arête, toutes les descentes sont équipées avec un goujon et un maillon ce qui rend l’assurage très confortable. Nous ne sommes pas gênés par la foule, seulement une cordée de jeunes qui avancent bien, c’est d’ailleurs assez étonnant pour une course aussi sympa.

Après les difficultés du Petit Paradis nous nous accordons une bonne pause, le soleil commence à chauffer, nous pouvons quitter une veste et manger un bout, la suite est un peu plus roulante.

La deuxième partie comporte de superbes arêtes neigeuses avec de grosses corniches surplombant le versant de Cogne. La neige est bonne, à conditions de se tenir pas trop à droite la glace n’étant pas loin côté face nord ni trop à gauche les corniches pouvant être piégeuses! Encore quelques gendarmes rocheux à passer, une dernière belle cheminée à grimper et une arête facile nous conduit au sommet du Grand Paradis, juste avant la vierge où nous retrouvons les cordées de la voie normale aux alentours de 10h15.

Nous prenons le temps de faire quelques photos et boire le thé, puis nous filons dans la trace nous conduisant au refuge Victor Emmanuel pour s’offrir un bon plat de pâtes agrémenté d’une Moretti et d’un café!